Kermesses -Cavalcade : les grosses fêtes

Kermesse

Fête en plein air, paroissiale, patronale, de bienfaisance comportant des jeux et des stands de vente, et organisée le plus souvent au bénéfice d’un objet précis . . En ce ce qui nous concerne pour aider au fonctionnement de la paroisse. Il y en eut pour fournir des aides aux prisonniers de la guerre 1939-1945.

C’était l’autre événement avec les courses cyclistes immuables du 2ème dimanche après Pâques.

Dans certaines régions on parle d’assemblée, tellement le but est de resserrer le lien dans la communauté, en une fête joyeuse .. un peu arrosée parfois, mais pour la bonne cause. Je me souviens d’une projection de "Connaissance du monde" sur l’Amazonie où l’explorateur nous expliquait que lors d’une fête annuelle les habitants du village se réunissaient avec chants, danses et certains débordements… comme chez nous. Rien d’extraordinaire : c’est universel.

Pour mesurer le degré de l’attente de ces festivités, il est nécessaire de se replacer dans le contexte : pas de cinéma, pas de télévision ! Donc aucune idée de ce que pouvait être « une grande manifestation », notre échelle de mesure se raccrochait aux cérémonies religieuses ( processions).

Donc pendant et après la guerre, la kermesse, en récoltant quelque argent, servait à mettre un peu de baume au cœur des combattants et prisonniers, avec une activité spécifique: "le tir à la carabine 6 mm", présente à chaque manifestation ..

Les festivités se déroulaient dans un champs à proximité du bourg (route d’ Erbray). On s’y rend en défilé, pour se mettre dans l’ambiance : La clique de Grand-Auverné ouvre la marche, suivie de quelques écoliers et écolières « apprêtés » suivant le thème de l’année. Et pour clore la chenille bigarrée, l’ineffable trio burlesque (Alphonse, Marcel, Eugène). La question des jours précédant qui tenait la paroisse en haleine : « que vont-ils inventer cette année ». Toujours dans la joie et la bonne humeur, bon enfant.

Le TRIO

1957- Arrivée de l’abbé Deniaud. Très impliqué dans sa paroisse, il se passionne pour son histoire, et se plonge dans les archives. Il aura à cœur de partager ses connaissances avec ses paroissiens, et diffusera ses découvertes, notamment par son bulletin paroissial.

Mais bien avant la création du Puy-du-Fou, l’abbé dotera le Ptit-Bourg d’une reconstitution historique, basée sur son riche passé historique.(1) La première évocation sera naturellement consacrée à la famille de la Rivière dont le château était érigé au sud du bourg. Un seigneur issue de cette puissante famille de Bretagne, fut compagnon d’arme de Duguesclin, ce qui lui vaudra la faveur d’insérer la couleur du sang dans son blason (de gueule et d’hermines).

La cavalcade aura pour thème une visite du connétable à son cher compagnon. C’est l’occasion de sortir de la routine : grande parade en costumes ! Des cortèges venant des 4 points cardinaux : Sud :la Rivière, Nord : gué de la Nouette (après une escale au château de Chateaubriant) , Est : Gué-Renou, Ouest : gué du Nilan. Ils se rencontreront … place de l’église, où se déroule une évocation, des ballets, un peu comme dans les mystères au Moyen-Âge. Les équipages sont constitués de chevaux caparaçonnés, des chevaliers en armure, et de leur train (gentes dames, pages ..) dans leurs plus beaux atours.

Pas de faux semblants ni de bricolage avec du carton : les accessoires ont été loués chez Peignon, le costumier de Nantes (les acteurs louent leur costume). Mais quelle fierté de participer à un tel événement, pour une si noble cause! 

L’accès aux routes départementales est gratuit, les spectateurs sont venus en grand nombre (y compris des communes environnantes) ; suivront-ils la cavalcade dans le champs où les attendent les stands (la paroisses à besoin de sous).

Quelle belle réussite sur le plan humain, toute la population a participé, et le nom à gagné en notoriété. Les berlaous pourront se piquer d’une belle initiative.

Bulletin paroissial du 11 mai 1958, annonçant la kermesse du 18 mai 1958

Bulletin paroissial du 25 mai 1958, dressant le bilan de la kermesse du 18 mai 1958

Cette première réussite sera poursuivie :

- le 10 mai 1959 par une évocation de la vie de Jeanne d'Arc, en 1960 par la visite de Charles X, en 1961 par  l'histoire de  Sophie Trébuchet. Toujours avec la même amplitude, le même faste et le même succès.

Sophie et Victor

Sur le terrain: 

Barnum : buvette temporaire , pain de glace pour tenir au frais, bière, vin au verre, rincés dans la bassine d’eau .. plus très claire en fin d’après midi (pas de contamination constatée) ; le verre de limonade ou le « champagne des gamins » : le Pschitt (soda ) orange ou citron. Cacahuètes grillées, serpentins, confettis à jeter, faire manger !!

Et bien évidemment vente de gâteaux (faits à la maison), crêpes, galettes (l'inévitable galette-saucisse), café, chocolat chaud

Animations : stand de tir, pêche à la ligne, jeux d’adresse : anneaux autour du col des bouteilles, palets, chamboule-tout, pêche à la ligne. toutes ces tentations qui nous confrontent à notre soucis : gérer le maigre budget à disposition.

Les défilés suivants (la France, Jeanne d'Arc,...) mobilisent toujours la population prête à s’investir pour une bonne cause, mais Ils n’auront pas l’ampleur et l’éclat des précédents.

Les temps changent, le certificat d’études ne marque plus la fin du cursus scolaire, l’agriculture est contrainte d’envoyer des bras à l’industrie, la télévision arrive, le lien social se distend.

revue de presse mai 1959: AD 44

>la résistance de l'Ouest 

 > Ouest-France:

Transcription du commentaire: "Le Petit-Auverné à vécu dimanche une journée que les acteurs et les spectateurs n'oublieront pas de sitôt. Dans le cadre de la place de l'­Église, devant une foule considérable, s'est déroulée, en six épisodes, la vie glorieuse de sainte Jeanne d'Arc, mimée.et représentée par 70 exécutants en costumes d'époque, qui sur les chars ou à cheval obéissant au doigt et à l'oeil de M. l'abbé Deniaud, curé, grand organisateur de cette fête splendide à qui revint pour une large part tout le mérite de cette journée.

Pour terminer cette belle représentation et aussi pour commémorer la fête de sainte Jeanne d'Arc et la Libération, le groupe des AC et PG alla se recueillir devant le monument aux morts et après la minute de silence, une magnifique gerbe fut déposée.

La fête se déroula ensuite sur le terrain à proximité  où stands et jeux connurent un beau succès.

(1) – Si le passé préhistorique à fait l’objet d’article dans le bulletin, il ne fera pas l’objet d’évocation festive. Il est vrai que le Néolithique n’est guère aisé à illustrer, bien que plusieurs sites soient répertoriés sur le territoire.

Nota : les photographies d’ensemble sont rares, vu que la population était mobilisée : ceux qui ne défilaient pas étaient réquisitionnés pour la tenue des stands ; on dispose donc essentiellement de photo de petits groupes, avant ou après le défilé.

Photos: merci aux familles Cochet et Lepeintre