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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 15:37
voir également l'article "Le gallo chez nous .. "   créé postérieurement  lien  clic ici>>>

  On a souffert de parler (un peu) patois, des parents qui n'utilisaient guère que cette langue "gênaient" leurs enfants en sociétés. Pourtant ils étaient peu nombreux ceux qui savaient qu'au moment de la révolution (-moins de 200 ans) environ 11% de la population parlait français ... il faudra donc faire en sorte que tout le monde comprenne les lois!      Par son histoire, la Loire Atlantique fait partie de la Bretagne  dont les frontières ont varié  au cours du temps en fonction des alliances, guerres, et autres invasions. Ainsi, la région de Châteaubriant a appartenu aux marches de Bretagne. On lui attribue le nom de « Pays de la Mée », notion qui a pu évoluer au cours du temps.
Dans cette partie nord-est du comté de Nantes on n'a jamais parlé breton:  au moment de sa plus grande extension, au IX ème siècle, le Breton avait pour limite une ligne reliant Donges au Mont Saint Michel, en passant par Blain, Derval, Bain * … Ce qui ne remet pas en cause son appartenance au duché ; dans les textes on peut lire « Bretaigne gallèse ou galloue » , donc Bretagne Gallo.
 *(citation : Joseph Loth in Fastes et malheurs de la Bretagne ducale 1213-1532 , édition Ouest France université- p373)      
. Dans les années 50 à l'école les gars du bourg se moquaient volontiers de ceux de la campagne à cause de leur « patois ». Enfant, j'allais chaque matin chercher le lait à la ferme de la "noix". Je devais découvrir dans un cours de géographie locale que j'allais au village de la Noë!!!                     Plus tard au collège, du bourg ou de la campagne nous étions tous des « ploucs » (origine  plou?) pour les citadins ! Le professeur d'histoire réussit à nous mettre du baume au cœur lorsqu'au détour d'un cours il nous apprit qu' « une seillée d'eau » n'était pas un terme incongru pour désigner un seau d'eau, car seille désignait un seau en bois !
 Le patois que nous utilisions reposait donc sur des bases séculaires solides. Difficile de traduire par l'écrit car il manque l'accent tonique , si savoureux.
    Un des termes qui me hérissait était l'emploi de « o » comme préposition, pour avec,(tu viens o ma = tu viens avec moi) classant de manière irrévocable son auteur comme un quasi demeuré. Or depuis j'ai eu l'occasion de le lire dans des textes du moyen-âge :
 cuir o poils (cuir non rasés-avec poils-, ex. peau de chèvre, de moutons tannées )
 .. Ne peuvent pas bien estre o vous ...,
Nous utilisions donc des termes de vieux français.
Ou encore des verbes, mot, locutions tombés en désuétude: quérir (qui devient "cri"), choir ("chér'"), voyette ('veuillette) etc ...
Mon patronyme me valait le surnom de « p'tit ch'vaous ». J'ai lu depuis :
“Ironie de notre histoire, le pluriel "aux" des mots en "al" serait dû originellement à une erreur de lecture par les copistes médiévaux.
J'ai cette version :
"Cheval devient chevaux au pluriel en raison de l'évolution historique du mot. Au cours du passage du latin au français, la consonne "l" suivie d'une autre consonne, en l'occurrence le "s" du pluriel, s'est transformée en [ou]. On avait donc, comme pluriel de cheval, [chevaous], parce qu'on prononçait aussi le "s" final. C'est le même phénomène qui a fait que "alba" est devenue aube, prononcé à l'époque [aoube].
 
De plus, pour transcrire la finale "us" de "chevaous", on utilisait un signe abréviatif qui ressemblait à notre x et que les scribes par la suite ont confondu carrément avec le x lui-même. On a donc eu la graphie chevax, puis les copistes, rétablirent le u qu'on croyait avoir oublié, ce qui a donné la graphie que nous connaissons encore maintenant : chevaux" ...
Nous pouvions donc également nous servir de termes issus du latin !
Anecdote, relevée dans LE PETIT BOURG DE SOPHIE (René Boiteau)
Des assimilations de noms proches peuvent se produire avec les variations d'orthographes que nous observons, selon le degré d'alphabétisation du copiste. Je citerai pour distraire mon arrière- grand-mère enregistrée CHEVAL lors de son mariage, alors qu'elle était née JOUAUD, mais quand il lui a demandé son nom le secrétaire a cru reconnaître le nom patois de l'animal !
.. la prononciation de ch'vaous est très très proche de Jouaud, accent fort sur la finale.
  En canadien-français cheval  se dit Joual, en béarnais on dit “chibaous” (qui s'écrit chivau, le v se dit b), et même en créole haïtien c'est "chwal".
 
- chez le coiffeur nous étions « touzé », c'est à dire tondus à ras : Hervé Lossec dans les bretonnismes cite ce verbe en évoquant les participes passés bretons « francisés ».
- karrikel ,charette
Nous utilisions donc des termes de breton
et nous parlions GALLO !! »
                                          
Autant d'informations qui conduisent tout naturellement à essayer d'en savoir plus, puisqu'il fait aujourd'hui l'objet d'enseignements sanctionnés par des diplômes.
Quelques définitions:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gallo :

Le gallo a les mêmes origines que le français, des origines qui se trouvent dans l'invasion romaine de la Gaule. Mais le gallo se caractérise par les influences du français, du breton, du gaulois et du normand. Au départ parlé aux confins est de la Bretagne, il se répandit peu à peu vers l'ouest, et particulièrement après la période Viking où le Duc Alan Barbetorte fit venir des paysans francophones afin de repeupler le nord de la Bretagne que beaucoup de Bretons avaient fui.
La première mention du gallo se trouve dans les actes de l'ancien duc de Bretagne, Jean IV : « Jehan, duc de Bretagne, comte de Monfort à sire Thomas de Melbourne, notre trésorier et receveur général à ses lieutenants en Bretaïgne gallou… ». C'est la première fois qu'il est fait mention du gallo/gallou et surtout d'une différenciation de la Bretagne dite gallèsante avec celle dite bretonnante. Le gallo aura après cela un statut officiel dans le Duché de Bretagne.
 Classification Linguasphere[modifier]
L'observatoire linguistique Linguasphere distingue cinq variantes du gallo :
 malouin (Ille et Vilaine nord ouest)
 bocage (Ille et Vilaine nord)
 rennais (Ille et Vilaine centre)
châteaubriandais (Loire Atlantique nord) !! nous, nous disons castelbriantais
 nantais (Loire Atlantique)                                                                                                                                                                               

http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/crdp_dossiers/dossiers/gallo/langue/accueil.htm
- Présentation du gallo -
Le gallo est la langue romane de Bretagne
 
Le terme gallo vient d'une racine celtique « gall ». Il désigne en Bretagne celui qui utilise la langue romane de Haute Bretagne, distincte du breton. L'existence d'une Bretagne linguistiquement double est attestée depuis le Moyen Age.

Le Gallo n'est pas un patois, ni un dialecte du français mais une langue d'oïl. Au même titre que le picard en Picardie, le francien en Ile-de-France, ou le provençal en Provence, le gallo est issu du latin populaire. C'est l'ordonnance de Villers-Cotterêts, prise en 1539 par François 1er, qui fait du français, langue de la cour, la langue des actes juridiques. Ce mouvement centralisateur s'est poursuivi à travers les siècles, disqualifiant les langues régionales.

Le gallo, héritier du latin de Gaule, a reçu des influences gauloise, germanique, scandinave et bretonne. Les emprunts au breton sont surtout sensibles au contact de la zone bretonnante et sont relativement peu nombreux.
Pour en savoir plus :
 - Dictionnaires : http://www.lexilogos.com/gallo_dictionnaire.htm

- « Dictionnaire du français régional de Haute-Bretagne » Ph. Blanchet & H. Walter éd° Bonneton.

Porte paroles : les Faillis Gueurzillons =  http://gueurzillon.chez.com/

Il est délicat de faire la part du mot « original » de celui du français adapté à la prononciation locale
Particularité de prononciation:
- un chien -> un chin,
- l’eau -> l’iaouw’   voire l’eouew’ quelques kilomètres plus loin,
- une poignée -> un’ pongnée

On cause un peu? - cliquer sur link--> link        
.. Les expressions imagées reçoivent toute notre tendresse
Quelques mots ou expressions que nous avons entendus toute notre enfance. Il est très délicat de transcrire  cette prononciation : l'orthographe (retenue) peut donc prêter à discussion!!   Et il faudrait marquer l'accent tonique!
 Prononciation; le son é/er est peu fréquent et en finale se prononce "eu". ex  dans les verbes du 1er groupe :chanter = chainw-teu ; le premier "e" du verbe est ignoré; peler = p'leu; le "o" devient fréquemment "on" ainsi  pomme = "pon-me"; difficile à transcrire au "eau" devient "iaouw" : beau = biaouw , pour approcher le son aouw qui se prononce globalement, penser au latin "laudamus te"; on retrouve ces termes dans des écrits du moyen âge "*".  La terminaison ai / ais devient "â" Foucaudais_> Foucawdâ ;On relève également des inversions: crèche devient queurch', crever querveu .. cf le gallo chez nous     
       Pour en finir avec tout complexe, il faut se souvenir que le français parlé d'aujourd'hui a connu des évolutions et que notre prononciation "patois" trouve son origine dans le" françois" qui se prononçait "françouais" . Voir chapître 4 sur ce lien >>cliquer sur link>  link             

Collecte / souvenir                       
Jeune pirette et vieux jars, des gamins à tas »    = l'union d'une jeune femme et un vieux mari promet une famille nombreuse.
-“c’est pas les pirons qui vont m’neut les oies aux champs!” = qui commande ici!
-pirette= jeune oie ; piron= oison.
à c't'heure   =  Maintenant (à cette heure)
an'hui / - anneu  =  aujourd'hui.
adeusseu (s') = se mettre en couple    
apouètes
  =   appuis, supports, étais

aschée   =  lombric (voir beguin)
baisant (point)  =  pas facile
bedam' ben sûr !  =  Évidemment (dam' oui)
beguin,=  lombric . wiki= dbreton buhigennbuzhug, (« ver de terre à tête noire, bon comme appât pour la pêche ») devenanbeghenbiguin et béguin. -> pêche à la biguenée,  où l'appât est une pelote de vers attachés à une ficelle.
beluettes  =  étincelles (de feu)
berlao(u)s    = habitants d’Auverné pour ceux de La Meilleraye de Bretagne !!! dur! dur! si on se réfère au dictionnaire du" contou et du disou" berlaoder = dire des incohérences. Mais  une autre hypothèse est avancée (voir note b): berlawe (habitants du bourg!)nom donné par les habitants de Riaillé à ceux d'Auverné, qui en retour les traitaient de "patauds" .. transcription phonétique .. variable (cf article)
beuille   = ventre, bedaine
beunaise  =  contant, heureux, bien aise
beurdadaouw   = patatrac! Padaboum!
beurdi-beurdaouw'  =  D'un côté à l'autre, cahin caha

beursiller: cligner des yeux
bobain’ / hennebain’    = .. des bobains’ pour abreurveu les en-pain’ = manière de ne pas répondre à une question [des billevesées pour abreuver ceux qui inquiet de .. tout et de peu]
bobia  =  individu bavard / bête

boise: arête de poisson
bouiner, bouinasser  =  bricoler (péjoratif): qu’est-que tu bouines? 

 bouchon d'écuelle= morceau de tissu servant au nettoyage ( faire la vaisselle, etc..) avant l'apparition de l'éponge. Provenant souvent de draps recyclés en torchons, fin en bouchons(chiffons)..
buyeu  /  buyaouw’   = Pleurer / celui qui pleure .. facilement

bouzine: bulle d'air ... dans l'eau
carbillaou‘ (à)  =  a califourchon  

carpailler: mourir, agoniser     (comme une carpe jetée sur la paille ..)
cueurch' = mangeoir (crèche)       

 ch’nassier    fumeullier, = coureur de jupons ( on trouve ce mot dans Jacquou le Croquant" p33-E. Leroy).

caberneau: cagibi, débarras, cabane
champeilleu = chasser, en gesticulant    (champeilleu les poules pour éviter qu'elle ne picore le potager , etc.)..  

cheutte / chéte = tomber [choir?] la piée cheuilleu = la pluie tombait

couä = corbeau       

 coueu   = couver
cubercette   = galipette, roulade
d'adire ? (combien)   = quel écart d'âge?

décaniller: décamper, s'enfuir; éjecter du jeu (billes, quilles).
degrigner   = faire la grimace             
enmeuneu (être)  = avoir le diable au  corps       
eurmeu (cousin eurmeu de germain) = cousin remué (issu) de germain     (voir l'article "le gallo chez nous: métathèse).                                                                                                                             fâilli   = petit, malingre
feugeu  =  fouiller en terre comme un cochon, un sanglier.
fi d'garce ! =   Exclamation marquant l'étonnement ; proche du hilh de pute gascon.
follailleu  /  folailleries =   Faire le fou, perdre la tête / farces de fou
geingein.    jugeote, bon sens

guimenter (se): chercher un renseignement, s'informer, s'enquérir; vieux français (dictionnaires XVIIe, Rabelais).
goût de r'venez-y!   = très bon goût incitant à y regoûter, formulé malicieusement pour solliciter une autre tournée
gueuroueu   = geler
guerzillon  =  grillon
guezon , guezonner   = peu productif, pas fainéant .. mais presque; “qui n’avange à ren!”, n'avance pas dans l'ouvrage.

herquellier: vaurien, va-nus-pieds, (du verbe herqueller=vagabonder) par extension: personne peu fiable; "fâilli herquellier" bien piètre travailleur!

Marie-beurdasse =   femme parlant à tort et à travers
ménée! (quelle)  =  quel chambardement! quelle affaire!
mouffionnu  =  gateau bien mouffionnu: dont la pâte est aérée, mouelleuse, parfaite
oueuille   =  brebis    → « toute oueille qui bêle perd une goulée » = avertissement à un bavard à table qui risque de voir sa portio réduite, la table étant desservie sur signal du maître
paouw  =  palis : dalle de schiste (palissade, maison ou annexes). Être comme un paw’ = rester planté comme un imbécile.
patte croche   = voleur
payceu  =  coller (origine poix, poisser?)
pigner / pignoux =   Pleurnicher  / peurnichard

pince-mezille (prendre à) saisir un objet avec une extrême délicatesse entre le pouce et l'index pour ne pas e détériorer, se blesser ...
p'leu l'zeux = peler les œufs petit "travail", temps perdu                                                                   queniaouw ' =  gamin, enfant (viendrait de quenote : dent d'enfant)
raïssiée = après-midi, basse raïssiée = fin d'après-midi                                                                         r’biqueu  =  relever → les cheveux qui r'biquent (mêche rebelle, épi)
rabibocheu (se)  =  raccommoder ; se rabibocher = se réconcilier.
ravouiller  =  remettre du liquide, faire le plein
rèse  =  sillon
se sieuteu =   s'asseoir   (sieute-ta là que j'te chauwsse = assieds-toi que je te mette tes chaussures)
seuyée =   contenu du seau (seille = seau en bois)
subiet   = sifflet , souffle → « çà me coup' le subiet » = vous me la bailler belle !!
taï=étable                                                                                                                                               teur'tout  =  Vous tous → « à la vot' teur'tout, à la mienne surtout » → porter un toast  intéressé ! nota: on retrouve cette expression dans des poèmes du Moyen-Âge ; ex "mès amors si forment m'atire Que par tretous mes pensers chace, ..."  auteur inconnu.     

tralée = une grande quantité (français XVIIIe, toujours utilisé au Québec)
veurdeu =   aller très vite, à  toute berzingue
vouilleu. - gilleu =  arroser, gicler ...... etc ..
"Allons!"; repons "mais oui, faut ben!!" Formule minima de courtoisie/politesse lorsque l'on croise quelqu'un  :préalable nécessaire avant de poursuive avec la météo, les cultures, la famille ....

 nota: la revue du canton de St Julien de Vtes (1984) propose un glossaire du patois local;

       une comptine:    En avant les biques et les bœufs , les p’tits viaux qui lèvent la queue !


Une définition la grêle c'est  " le soulaïl et l'électricité qui font cailler la pïé"
Dans http://www.contoudisou.com/dictionnaire-gallo.php, est mentionné le terme “baga” = plaisir, jeu, amusement, que nous n’avons jamais entendu, Mais il existe dans le bourg un nom de lieu “la cour baga”,  alors???
 note b: http://chouannerie.chez-alice.fr/textes/hdr_06_clerge.htm

On notera que des expressions se retrouvent dans les départements voisins, voir plus loin.
Ainsi : snâ= grenier à foin ; cenail
Quasi identique les mauges : http://vue.du.clocher.au.pin.en.mauges.over-blog.com/article-1277572.html
DU BOIS, Louis (1773-1855) : Glossaire du patois normand, augmenté des deux tiers, et publié par M. Julien Travers.- Caen : Typographie A. Hardel, 1856.- XL-440 p. ; 22 cm.
http://www.bmlisieux.com/normandie/dubois04.htm
CENAS : grange, grenier : par extension, chambre, cabinet ou lit mal tenus. De cellarium, d'où est venu cellier, celle. En Roman, chenail. En patois walon, sinat signifie un fenil. 
http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_19/Tome_019_page_005.pdf
Plein de foin dans le SINET dit Violaine.
Un sinet est un petit grenier à fourrage, dans la région de Château-Thiery, pays de Paul Claudel
http://andtina.free.fr/patois.htm


Reportage sur un accouchement et son lexique
http://www.chateaubriant.org/86-sage-femme-de-1930-a-1947
Une histoire en « parler Gallo » (parler de Haute Bretagne)

C’éteu un saï de septembre, chez la mère Marguerite. Ça reveulinait dans les voyettes mais y’aveu eune bonne fouée dans la cheminée et le rocquaud éclairait le fouyeu.

Toute la famille teu là, meume les marreunes des environs. Une niée de garçailles quétineu d’impatience tandis qu’les hommes s’achommaient autour d’la table, où eune bonne picherée d’cid s’abuonnait.

Dans un coin, l’accoucheuse s’tabutait point. Pourtant, la Marguerite se tordait les harts à heure et à fois, dans le drugeoir. Dame ça f’sait 9 mois qu’son pêcher n’fleurissait plus et y teu tous là à guetter au kian la v’nue d’un p’tit chinchon, le dernier d’la couvée sans doute.

La Marguerite, avec son gros bineaü, teu carbillaud su le matelas de guiche. Elle buffait. Elle poussait. Parfois elle pignochait. C’est qu’le léchon tardait...

A la longue du temps, v’la la chupette de la garçaille qui musse à la ponoire ! La sage-femme empogne la gède et la piace sous les fesses d’la Marguerite. Et je masse le ventre, et j’te dis des mots gentils, et j’te guette au faufillon.

Cette faï, ça y est : le p’tit est sorti, ben ébriveu. Et il gigote, les yeux ébrasilleus que c’en est un piési. Et le v’la même qui s’moute dans l’giron d’sa mère. Les baubias là-bas en sont tout émeuyeus et meume le chenaillou d’mari qui nafle ! Et pi c’est l’défileu : un à un y viennent baiseu le petit, avant meume qu’y soit essardé...Ne dit-on point qu’ça empeuche le mal de dents ?

C’est pas tout ça ! La sage-femme coupe le cordon et framboie l’enfançon et sa maman, pendant que la moque de flip passe de main en main pour recorter toute la maisonnée.

Ah ! On aura souvenance longtemps de la naissance du clos-cul d’la Marguerite. Surtout que c’est son père tout pacré ! Faudra pas lui conter des diries à c’ti là !
________________________________________________________

Saï : soir
Reveliner : se dit d’un vent piquant
Voyettes : petites voies, chemins
Fouée : flambée, feu
Rocquaud : chandelier de bois
Fouyeu : foyer, cheminée
Marreune : femme
Niée de garçailles : une nuée d’enfants
Quétiner : piétiner, ne pas rester en place
S’achommer : s’attarder
Picherée d’cid : pichet de cidre
S’abuonner : se couvrir de buée
S’tabuter : s’inquiéter
Se tordre les harts : se tordre
A heure et à fois : de temps en temps
Drugeoir : le lit des époux
Son pêcher n’fleurissait plus : n’avait plus ses règles menstruelles
Guetter au kian : guetter au trou
Chinchon : chéri, bien-aimé
Bineaü : ventre
Carbillaud : qui a les jambes écartées
Guinche : graminée qui sert à faire les paillasses des lits
Buffer : souffler
Pignocher : pleurnicher
Léchon : petit qui tête sa mère
Chupette : petite touffe de poils ou cheveux
Musser : passer
Ponoire : le cul...de la poule pondeuse
Gède : vase de bois de hêtre dans lequel on élaite le beurre
Faufillon : petit chemin par lequel on se faufile
Ebrivé : qui a de l’élan
Ebrasillé : qui brille
S’mouter : se blottir
Baubias : les badauds
Emoyé : ému
Chenaillou : chenapan
Nafler : s’évanouir
Essardé : essuyer
Framboyer : nettoyer
La moque de flip : la bolée de flip (mélange cidre + eau de vie)
Recorter : réconforter
Le clos-cul : le dernier de la couvée

 

Chants et danses du Pays de la Mée

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commentaires

B
Bravo pour ce travail remarquable. Avant que notre patois local ne disparaisse concrètement nous devons en fixer les bases historiques. Dans mon livre sur l'histoire du Pin :<br /> http://r.boiteau.pagesperso-orange.fr/livre.html<br /> j'ai choisi d'écrire œ le son très particulier plutôt que eu dans l'œrussée du gars Traï Naî"
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P
érusser: https://fr.wiktionary.org/wiki/érusser ou erusser sur http://jacguerin.free.fr/patois.html <br /> Je suis venu sur le tard à la généalogie et à l'histoire locale. J'ai entendu le gallo dans mon enfance et je collecte, je cherche l'origine des mots... j'ai l'appréhension de mal traduire la prononciation, partie intégrante du parler, ignorant la phonétique, la linguistique ... Je déplore - comme vous - que chaque collecteur propose son interprétation! L'accent variant tous les 5 km, la standardisation semble difficile. Mais si une méthode de traduction existe .. Merci de Votre soutien M. C
F
Est ce que je pourrai avoir des info sur le tunnel des epinards carrière de fer exploité par les hugeno
Répondre
P
Bonjour, Tunnel des Épinards: après en avoir discuté avec un cousin, il allait jouer près d'une entrée de galerie, sur le bord du Don ... il y a + de 50 ans .était-ce une mine .. de fer?. pti.chevaous@gmail.com
P
Enfant, j'ai entendu parler de ce tunnel, du fer, pas des huguenots aux Épinards. Rien d'avéré depuis. Dans ma généalogie j'ai un agriculteur dans ce village. La terre doit être noble. Au moyen-âge Guillaume d'Auverné en fit don au prieuré de la Poitevinière, ainsi que de la dime du moulin et de la pêcherie dudit lieu (Espinat). Pas de fer... .Je n'ai rien de plus.Il est plus simple de me contacter-le cas échéant- à"pti.chevaous@gmail.com Cordialement
H
I have not heard about the language GALLO. I think there are a number of languages like GALLO which were not used in this modern generation and children are not even aware of such languages. These historic languages actually reflect the tradition and heritage of France.
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P
quand je vivais dans le pays de Fougères, une brouette se disait &quot;beursoule&quot;<br /> je n'ai jamais retrouvé ce mot dans les dictionnaires gallots que j'ai consultés
Répondre
P
Bonne année,<br /> Chez moi, c'était beurouette. Mais en cherchant &quot;beursoule&quot; sur internet on trouve quelque usage; désigné comme étant de la région de Vitré; mais signalé également en Normand par un Canadien.<br /> <br /> extrait site &quot;forum breton&quot;<br /> Ne pas oublier , qu'en parlé Gallo , d'une commune à l'autre les mots étaient différents ex brouette ; beursoule (gallo de Vitré), beurouette (gallo Gahard) un seau: un chauodron, un siau etc.. <br /> <br /> http://zonecampus.ca/blogue/?p=3297 <br /> «berrouette» ou «beursaoule», c’est une brouette (avec laquelle on ramenait les gens saouls à leur domicile). <br /> Donc étendu, voir (wikipédia) = Étymologiquement, une brouette est un véhicule à deux roues. Le terme, qui apparaît au XIVe siècle, serait un diminutif de beroue, lui-même venant du bas latin birota, véhicule à deux roues1.<br /> .. et il existe de nombreux dictionnaires ou lexiques &quot;Gallo&quot;.<br /> Bonne réception